Les 28 livres et revues reçus depuis le 10 octobre 2025 pour Poesibao (Isabelle Baladine Howald, Anne Malaprade, Florence Trocmé).

○ Jacques Roubaud, les Enfances d’Alexandre, Editions du Seuil, La Librairie du XXIème siècle, 2025, 20€
En 1978, Jacques Roubaud publie un livre au titre énigmatique, La Vieillesse d’Alexandre. Cet Alexandre est un personnage historique singulier, l’un des plus grands conquérants de l’histoire de la versification : l’alexandrin. Le poète entreprend de raconter la biographie d’un vers, de ses origines à son déclin.
Il manquait à cette vie d’Alexandre les branches narrant l’enfance mouvementée du vers, avant qu’il ne finisse par s’imposer comme le mètre français par excellence, au XVIe siècle.
Jacques Roubaud, porté par l’étude d’un vaste corpus de textes, ne livre pas un traité aride mais un alexandrin mode d’emploi à la manière dont Perec raconte la vie d’un immeuble : l’alexandrin est une structure architecturale à plusieurs étages qui s’édifie dans des conflits de voisinage avec les autres vers français.
Cette biographie d’un vers est aussi le laboratoire théorique et formel de l’un des plus grands poètes contemporains.
Les Enfances d’Alexandre, publié en revue en 1977, était inaccessible. Valérie Beaudouin et Marie-Louise Chapelle en ont établi une édition inédite à partir des cahiers et manuscrits de Jacques Roubaud.
○ Luc Bénazet, Soleils d’artifice, P.O.L., 2025, 19€
La vie des organes dans un corps individuel est la table d’orientation parmi les tumultes de la rue. Des personnes déguisées, en petits groupes, démontent la maison du Juge et envoient des fusées de merveille. Elles éclairent en pointillé la possibilité d’un retour pour la mort d’une personne assassinée. Des phrases sont prononcées, intérieures. Elles sont écoutées afin d’y entendre le bruit, afin de distinguer dans le bourdon entre les innombrables doubles qui reviennent depuis les morts des personnes tuées militairement.
La langue n’est pas chez Bénazet un espace fermé, elle désigne, entre autres, une extériorité. Un monde désirable, celui de l’abolition des rapports sociaux de domination. Il essaie, par son travail accidenté, d’abolir les champs de pouvoir qui contraignent la langue et qui la corsètent. Mais cette expérimentation ne se veut en aucun cas avant-gardiste. Elle n’est pas une prise de pouvoir dans le champ de la poésie comme l’ont souvent été les avant-gardes historiques. Ce refus anti-autoritaire d’une prise de position est au cœur du travail de Bénazet jusque dans la langue et ses usages. Le texte nous alerte sur les dangers des langues de pouvoir. Le fascisme n’est pas qu’un régime politique, un État totalitaire et ses milices. Il est aussi une langue, une langue qui travaille les corps, les imaginaires, les relations sociales et l’intime
○ Peter Handke, Tête-à-tête, traduit de l’allemand par Julien Lapeyre de Cabanes, Gallimard, 2025, 12€
Ce sont deux voix qui se racontent et s’interpellent, deux amis peut-être, qui déroulent leurs souvenirs et comparent leurs existences. Sans être d’accord sur tout, ils sont capables de s’entendre et de s’interroger mutuellement ; de s’interrompre et de plaisanter, également.
Et c’est ainsi que le sens apparaît : dans le dialogue entre ces deux êtres, qui entrelace échos de l’enfance habités par la figure d’un grand-père et questionnements éternels, qui fait surgir le rire et la pensée à la fois.
Dans ce nouveau récit sous la forme d’une envoûtante conversation, Peter Handke rend vivantes deux voix qui pourraient n’en faire qu’une et nous entraîne dans une réflexion en acte sur le désir, la mémoire et la « grand-paternité ». Quelque part entre théâtre, dialogue philosophique et interrogation sur le pouvoir de la création, Tête-à-tête invente un genre littéraire unique et nous livre une étonnante leçon d’optimisme.
○ Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares, Œuvres complètes à quatre mains, traduit de l’espagnol (Argentine) par Eduardo Jiménez, Margot Nguyen Béraud et Françoise-Marie Rosset, éditions Seghers, 2025 (6 novembre), 25€
Née dans les années 1930, la profonde amitié liant Adolfo Bioy Casares et Jorge Luis Borges, ces deux immenses figures de la littérature argentine, s’est muée en une incomparable œuvre à quatre mains, poursuivie durant près de cinquante ans.
Récits policiers de style baroque, satires de critiques littéraires, fables politiques échevelées, scénarios hantés par la mythologie des faubourgs de Buenos Aires… De formes diverses, les textes qu’ils ont écrits ensemble apparaissent en dernier ressort comme une exploration virtuose des possibilités parodiques du langage. Cette partie méconnue du corpus des deux auteurs est pour la première fois traduite dans son intégralité en français et réunie en un volume.
La parodie, thème périphérique dans les œuvres respectives de Borges et Bioy Casares, est devenue centrale dans leur production littéraire commune. […] Bien plus qu’un simple geste de dérision, elle s’apparente à un véritable instrument de connaissance, à une arme critique et, surtout, à un mode de construction littéraire. Pour résumer : une poétique. «
Extrait de la préface de Mohamed Mbougar Sarr.
○ Cole Swensen, Et et et, trad Maïtreyi et Nicolas Pesquès, Corti, 2025, 18€
Avec malice et vivacité, Cole Swensen développe une poésie du « et ». À travers l’évocation des souvenirs comme ombres partagées, l’attention portée à l’autre, la question de la traduction, le paysage large par rapport à l’instant bref et ce qu’ils contiennent d’intensité différente, le livre poursuit ainsi une réflexion sur le langage, dans sa capacité à échapper autant qu’à informer. Il est aussi traversé par un esprit de jeu, dans la légèreté des croisements impromptus qui éclairent les êtres et les donnent à voir sous un angle nouveau. Dans cette réflexion sur l’élaboration de la langue poétique face à un monde difficilement nommable, se dessine une sorte de « politique de la grammaire » qui interroge la dimension de déconstruction de la poésie, sa force insurrectionnelle face aux mots creux ou trop pleins.
Cole Swensen est une éditrice, poétesse, traductrice et universitaire américaine. Elle a publié aux États-Unis vingt livres de poésie, dix-sept traductions d’auteurs français (dont Olivier Cadiot, Pierre Alferi, Suzanne Doppelt, Emmanuel Hocquard). Elle enseigne à l’université Brown de Providence.
○ Claude Favre, Par curieuse expérience des questions, série discrète, 2025, 15€
Par curieuse expérience des questions est un livre qui se présente sous forme de notes. Chaque note est précédée d’un point, qui serait l’équivalent graphique du « frappé d’un pied qui commence à danser », pour une façon de se lancer résolument dans la phrase. Car ces notes, ne dépassant pas une ligne chacune, et qui parfois se suivent, parfois se complètent ou font rupture, toujours dans ce mince espace allant d’une marge à l’autre, creusent une idée, une pensée, un sujet où l’acte d’écrire est central.
Il y est aussi question de lectures évidemment, car Claude Favre ne cesse de nous rappeler par l’écriture à ce dialogue permanent qu’elle mène depuis des années avec les textes des autres, de celles et ceux à qui elle emprunte parfois les mots, les vers ou les réflexions.
Avec ces notes d’écriture, de lectures, dans cette réflexion sur l’acte d’écrire, sur le lien entre le travail du poète et les emprunts de lectrice, Par curieuse expérience des questions interroge les enjeux de la langue et leurs points de jonction, de friction, avec le corps, la vie. Claude Favre écrit avec précision ce que les mots peuvent faire au monde et dans le monde. Comment témoigner de ce dehors dans l’intimité du langage. Mêlé de sa langue et de celle des autres, le texte avance par ajouts, note après note, s’interrogeant sur son propre devenir, sur son pouvoir de réalisation et ses limites.
C’est une expérience de lecture aussi dont il s’agit, faite de ruptures, de reprises de motifs, de jeu ou de recherche sur les mots, tant sur leur sens que sur la lettre elle-même.
→ Poesibao publierai prochainement un entretien avec Claude Favre, signé Gregory Rateau
○ Christian Bernard, Élégies anciennes, L’Atelier contemporain, 2025, 25€ (parution le 21 novembre)
Rassemblant des poèmes écrits entre 1977 et 2020, tous empreints d’un lyrisme mélancolique teinté d’ironie, l’ouvrage de Christian Bernard contribue d’une certaine manière à réhabiliter l’élégie, ce genre ancien au ton tenu pour obsolète voire inopportun, dans un geste qui relève d’une déclaration d’indépendance. En revitalisant cette forme par la traversée du contemporain et de l’histoire personnelle, l’auteur se ressaisit, au-delà d’une dimension biographique qui n’est que de surface, de la question profonde de l’accueil des réminiscences, de l’acte de réappropriation des expériences intimes à travers le miroir brisé de l’Histoire.
○ Pascale Petit, Sujets d’émerveillement, Série discrète, 2025, 22€
Quels sont ces “sujets d’émerveillement” ? Pour Pascale Petit ce sont les anagrammes, les poèmes anagrammatiques, cette manière de déplacer les lettres, de décomposer un mot pour en recomposer un autre, d’éparpiller les lettres d’une phrase pour en révéler une nouvelle. Loin d’être un simple jeu, la recherche d’anagrammes est un moyen précieux dont elle a su s’emparer pour révéler une réalité profonde, multiple, mélancolique et parfois drôle. Car, finalement, d’un rétrécissement des possibilités linguistiques, des textes copieux s’invitent au menu du lecteur. Des textes qui parlent de littérature et de la vie.
Pour les lecteurs et lectrices de ce livre, les “sujets d’émerveillement” ce sont les poèmes anagrammatiques que nous propose ici Pascale Petit, répartis en quatre parties qui chacune explore les possibilités infinies de cet art. C’est brillant, virtuose, drôle, profond et passionnant.
Pour clore ce livre, l’autrice nous propose une petite histoire des anagrammes, qui raconte aussi son rapport à cette forme.
○ Nicolas Bouyssi, La Dissipation et le Repli, (articules 2003-2023), Eric Pesty éditeur, 2025, 24€.
Pendant de l’œuvre romanesque en douze volumes parue chez P.O.L, La Dissipation et le Repli réunit des articles critiques signés par Nicolas Bouyssi à propos d’Hervé Guibert, Georges Bataille, J. G. Ballard, Pierre Guyotat, Paul Valéry, Édouard Levé, Marcel Duchamp, Thomas Bernhard, Michel Houellebecq, Michèle Bernstein, Charles Baudelaire, Éric Pougeau, Thomas Lévy-Lasne, Jean Rolin, Jean-Yves Jouannais, Jean Echenoz, Évelyne Grossman, Roman Opalka, Bruce Bégout, Jean-François Bory, Mike Davis, David Foster Wallace, Jacques Mesrine, William Burroughs, Kathy Acker et alii.
○ Nicolas Bouyssi, Manuel, Eric Pesty éditeur, 2025, 10€
Habitué aux dispositifs narratifs extrêmes (le narrateur aveugle de Compression (P.O.L, 2009) ; le narrateur-embryon, encore dans le ventre de sa mère, dans S’autodétruire et les enfants (P.O.L, 2011) Nicolas Bouyssi s’attache aujourd’hui au personnage de jeu vidéo. Manuel sont les 30 premières pages et le mode d’emploi d’un « jeu.livre » en cours d’écriture, intitulé La Solitude à venir du grand amateur de Nioh – jeu.livre bâti sur une analogie entre le « roman d’apprentissage » et le protocole des jeux vidéo de la catégorie des souls-like, réputés pour être particulièrement exigeants.
○ Catherine Weinzaepflen, Un précipité, Flammarion, 2025, 16€
Comme son titre l’indique Un précipité est une évocation abrégée, une sorte de vision en accéléré de l’enfance, déroulant une suite d’instantanés qui sont autant de scènes brèves, faussement anodines, auxquelles le temps a fini par donner un relief troublant. Partagée entre l’omniprésence de la mère et l’ombre d’un père lointain, l’enfant-Wendy découvre peu à peu les règles qui régissent son univers – et le monde au-delà. Ces poèmes lapidaires dialoguent en miroir – sur la page adverse – avec de brèves évocations du monde parcouru d’effrois dans lequel l’écriture est venue s’inscrire. La nostalgie n’est donc pas de mise dans cette poésie qui se veut à la lisière de deux mondes : et au cœur même de l’extrême présent.
○ Ainsi parlait Platon, choix et traduction d’Emmanuel Pasquier, Arfuyen, 2025, 14€
Ce nouveau volume de la collection Ainsi parlait est consacré au plus célèbre des philosophes, dont l’influence a été déterminante au travers des siècles sur l’ensemble des domaines de la vie humaine, de l’esthétique à la logique, de la spiritualité à la politique. D’autres philosophes l’ont précédé dans la collection : Sénèque, Pascal, Montaigne, Épicure ou Simone Weil. En janvier 2026 paraîtra, brûlant d’actualité, un Ainsi parlait Orwell.
○ André Hirt, Seuil du silence une chronique, Les grands détroits, 2025, 25€
Trois frères pris bien malgré eux dans la fureur de la guerre en Russie et en Ukraine lors de la Seconde Guerre Mondiale, une jeune fille ravie à elle-même par la folie lors de l’exode, une très vieille femme presque sans âge regardant au loin comme dans le temps, un tout jeune homme démuni qui arrive plus tard au village… Tous témoignent de ce qu’ils ont vécu, par leur seule présence, sur les seuils du silence.
○ Euripide, Iphigénie à Aulis, traduction Jacqueline et René Bouchet, peintures Harris Xenos, la tête à l’envers, 2025,
Une nouvelle traduction d’Iphigénie à Aulis d’Euripide ? « Mais pourquoi donc ? » diront certains.
Pour le plaisir seul du texte et la puissance du tragique !
Cette traduction faite en duo par Jacqueline et René Bouchet amène le lecteur contemporain dans l’intimité d’une noble famille grecque du 5ème siècle avant J.-C.
Mais il fallait sans doute cette association entre deux hellénistes confirmés dans l’art de la traduction, l’une poète et traductrice, l’autre traducteur aussi du grec moderne, pour nous toucher et nous émouvoir autant.
En effet, ne sommes-nous pas aujourd’hui confrontés à des passions tout aussi douloureuses, voire destructrices ? La version qui nous est ici proposée redonne à la tragédie d’Euripide toute sa beauté humaine.
Agrégés de lettres classiques, Jacqueline et René Bouchet ont enseigné le grec ancien en classes préparatoires littéraires à Paris.
Poète, Jacqueline Bouchet a été lauréate de plusieurs prix dont celui de la Fondation de France pour Carrefour des limites (Les écrits du Nord) et celui de la Fondation Saint-John Perse d’Aix-en-Provence pour L’Arbre du vent (à paraître).
Ancien membre moderniste de l’École française d’Athènes, docteur d’État en littérature néo-hellénique, professeur honoraire à l’université de Nice, René Bouchet a traduit plusieurs écrivains grecs modernes, classiques, comme Papadiamantis, Théotokis, Kazantzaki, Kontoglou, Terzakis, ou contemporains, comme Vassilis Vassilikos, Yannis Kiourtsakis, Rhéa Galanaki, Maria Stéfanopoulou, Thanassis Hatzopoulos, Ioanna Karystiani.
Il est l’auteur d’anthologies de textes grecs traduits par ses soins et d’essais sur Papadiamantis, Kazantzaki et karagatsis.
○ Clara Ysé, Des lances entre les phalanges, Seghers, 2025, 18€
» On inventera une langue
Une langue sauvage
Une langue exilée
Une langue protégée brûlée éraflée
Une langue désintégrée mais pour nous langue sauvée
Une langue asile
Une langue antimissile
Une langue difficile
Une langue inutile reptile fertile
Une langue en constant mouvement pour accueillir
les enfants les résistants les torrents les bruts diamants
Une langue pour les éléphants
Une langue pour la mémoire une langue pour les histoires
Une langue pour les émotions pour les papillons
Une langue qui refuse de mentir
Une langue contre les Empires
Une langue pour les fragiles navires
Une langue pour s’écrire
Une langue pour s’aimer et jamais pour se déchirer
Une langue pour se retrouver […] «
○ Li Qingzhao, Derniers effluves de lotus rouges, traduction Danièle Faugeras, Joanna Maguire-Charlat, illustrations Marie-José Doutres, Po&psy, 2025, 15€, parution 6 novembre.
Ce petit livre-leporellos est une invitation à découvrir la poésie de Li Qingzhao (1084-1155), universellement reconnue comme la plus grande poète chinoise de tous les temps, qui a mis à profit la nouvelle forme prosodique du ci, poème chanté à vers irréguliers, apparue sous la dynastie Song, pour exprimer d’une façon personnelle, résolument allusive et métaphorique, les expériences intimes, intensément éprouvées, d’une vie mouvementée. Ces quatre poèmes où apparaît le thème du lotus, de haute valeur symbolique dans le monde asiatique, sont accompagnés de dessins de Marie-José Doutres, plasticienne contemporaine.
○ Elvira Hernández, Tout ce qui vole n’est pas oiseau, traduction Stéphanie Decante, illustration de Guadalupe Santa Cruz, Po&psy, 2025, 15€, parution 6 novembre.
Elvira Hernández est une poétesse chilienne. Ses poèmes sont un des symboles de la résistance chilienne à la dictature d’Augusto Pinochet.
L’écriture d’Elvira Hernández est traversée de courants contraires : l’un, effréné, fait partie d’un arpentage têtu qui fait émerger des décombres la mémoire de Santiago, sous les feux de la répression ou de la révolte ; l’autre, plus apaisé, est marqué par la concision et une attention méditative aux détails du quotidien. Ce qui frappe et touche dans cette écriture, est le mélange de désinvolture et de précision, toujours au service d’un regard acerbe sur le monde.
○ Michel Dubret, Les Rois-passants, Les Météores, 2025, 15€
« Il existe un chemin, au nord de ce pays, qui devient bleu sous l’orage et où le froid reste vif aux jours brûlants de l’été. Ce chemin a mauvaise réputation dans la région et personne ne l’utilise volontiers, serait-ce pour quelques instants. Il fut dénommé, il y a longtemps, « La voie des Rois-Passants », mais nul ici ne sait plus pourquoi ni que veut dire ce nom. La plupart des mystères du pays empruntent ce sentier qui se perd au loin parmi les hauts herbages. On ne sait rien de son parcours. On dit simplement qu’aux parages de chaque ville, village ou hameau de la terre, et même de la moindre maison isolée sous le ciel, on trouve un tel chemin. Certains prétendent que c’est encore « la voie, la même ».
○ Coll., Violette Nozières, éditions Prairial, 2025, 15€
Le 21 août 1933, Violette Nozières empoisonne son père. Journalistes et chansonniers se déchaînent aussitôt contre ce « monstre en jupon » de 18 ans, et l’accusent de mythomanie quand elle dit aux enquêteurs avoir été victime d’inceste depuis ses 12 ans. Dans ce pamphlet collectif écrit en prise directe avec l’évènement, le groupe surréaliste se réapproprie la forme de la complainte criminelle, mais prend fait et cause pour la meurtrière qui, comme l’écrit Éluard, « a rêvé de défaire / A défait / L’affreux nœud de serpents des liens du sang ».
Couverture de Man Ray. Dessins de Hans Arp, Victor Brauner, Salvador Dalí, Max Ernst, Alberto Giacometti, Marcel Jean, René Magritte et Yves Tanguy. Poèmes d’André Breton, René Char, Paul Éluard, Maurice Henry, E.L.T. Mesens, César Moro, Benjamin Péret et Gui Rosey, auxquels a été ajouté un texte de René Crevel destiné au recueil, mais resté inédit jusqu’en 2003. Postface de Diane Scott.
○ Alain Duault, On ne dort pas même quand on dort, Gallimard, 2025, 18€
De la tragédie collective qui empêche tout oubli, tout sommeil, à chaque tragédie individuelle qui fige la mémoire en un temps arrêté : là se déploie tout l’éventail des cris qui ricochent et font la matière de la vie – avec heureusement de beaux instants dans les fougères du temps. Tout livre est un parcours, tout murmure est un cri dans le silence des eaux, tout poème est un aveu qui s’inquiète de ce qu’il dit.
On ne dort pas même quand on dort.
📗Revues
○ L’Intranquille, n° 29, 2025, 20€ (Jean Daive, D.H. Lawrence, Sophia Lunra Schnack, Titi et Jean-Luc Parent, etc.
○ RBL, la revue de Belles-Lettres, 2025, 2, Klaus Merz & six poètes alémaniques, Jean-Pierre Schnunegger.
○ Les Hommes sans épaules, n° 60, J.V. Foix et le surréalisme catalan, Les Wah 1, 2 et 3, mémoire et exil, nouvelle série, deuxième semestre 2025, 17€
Et aussi
○Liliane Pinet, Brisées de l’amour, La rumeur libre, 2025, 19€
○Claudine Bohi, Passage secret, La rumeur libre, 2025, 18€
○Jean de Breyne, D’un jour ce qui tremble, suivi de bribes épistolaires, une correspondance avec Germain Roesz, propos deux/Lieux dits, 2025, 15 €
○Claudine Bohi et Adrienne Arth, A tâtons dans le siècle, coll Duo, Lieux dits, 2025, 20 €
○Pierre Kobel, Maison(s), Le Capital des mots, 2025, 12€