Poesibao propose un montage de citations extraites d’un livre de Sophie Képès qui s’interroge sur les rouages de la création.
Harold Pinter :
« Écrire pour moi, c’est chaque fois comme ouvrir la porte d’une maison inconnue. Je ne sais pas qui est dans la maison. Je ne sais pas qui va entrer par l’autre porte. Je ne sais pas ce qui va arriver (…) La meilleure écriture vient de l’inconscient. Mais, après l’impulsion originale, j’observe ce qui est arrivé, la forme que cela peut prendre. Je coupe, je reformule, je travaille beaucoup. Au bout du compte, ça devient un acte conscient »
Aragon :
« Mes romans, j’ai toujours été devant eux dans l’état d’innocence d’un lecteur (…) Je n’ai jamais écrit mes romans, je les ai lus ». Aragon, in Je n’ai jamais appris à écrire ou les incipit.
Claude Simon :
« Je ne connais pour ma part d’autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c’est-à-dire mot après mot, par le cheminement même de l’écriture. Avant que je me mette à tracer des signes sur le papier il n’y a rien, sauf un magma informe de sensations plus ou moins confuses, de souvenirs plus ou moins précis ou accumulés, et un vague – très vague- projet. C’est seulement en écrivant que quelque chose se produit, dans tous les sens du terme. Ce qu’il y a pour moi de fascinant, c’est que ce quelque chose est toujours infiniment plus riche que ce que je me proposais de faire. »
Et en conclusion, Proust qui dit en être arrivé à cette conclusion que :
« nous ne sommes nullement libres devant l’œuvre d’art, nous ne la faisons pas à notre gré, mais que préexistant à nous, nous devons, à la fois parce qu’elle nécessaire et cachée, et comme nous ferions pour une loi de la nature, la découvrir. »
In Sophie Képès, Désappartenir, psychologie de la création littéraire, Maurice Nadeau, 2023, 240 p., 19€, citations extraites du chapitre Ecrilire, pages 113 à 118)
Quatrième de couverture : « Comment les données marquantes d’une enfance particulière non seulement déclenchent une vocation littéraire, mais aussi influencent la forme sous laquelle elle se manifestera ? Entre enquête littéraire et autobiographie, Sophie Képès traque les sources cachées de l’écriture de Kafka, Pierre Michon, Virginia Woolf, Joyce Carol Oates, Tolstoï, Tchekhov, Danilo Kis, en fouillant dans les secrets des prémisses de leur vie. Ce faisant, elle dévoile sa propre trajectoire marquée par une mère atteinte du syndrome de Münchhausen et révèle comment l’écriture, et plus largement la littérature, peut devenir, pour chacun d’entre nous, un bastion. »