Claude Minière a proposé à Poesibao cette suite de quatre poèmes, “Sanctuaire”, “Les lignes inégales”, “Petits enfants” et “Le puits”.
Sanctuaire
On voit venir les empires
On voit revenir les empires et le pire est à venir
ils recrucifient chaque jour
le temps remplace la fin des temps
et les prières
les alliances financières étouffent la première
Je rêve d’un sanctuaire
d’une maison construite pierre sur pierre
j’entretiens un dialecte
des jeux locaux
des odes d’exode
en phrases sèches
au bord d’un ruisseau
le sanctuaire pèse une plume et la plume dessine l’aire
Les lignes inégales
Wagner cherche l’or de l’Afrique
j’entends la toundra le frisson des graminées
des hommes sont torturés
Voyez, je le dis
c’est pas l’tout de musarder dans le musée
les empires viennent au grand jour et dans la nuit
j’ai vu un empereur habillé de miroirs
un autre de soie
Je parle mal encore
je parle mal en corps en solitude
je le dis en similitudes
Que dit mon voisin, mon prochain
parle-t-il seulement de fric ?
Petits enfants
Petits enfants, dessinez des maisons
avec leur fumée bleue en tire-bouchon
des maisons neuves aux fenêtres carrées
et une porte, un chien mange le ciel.
En voici une à la campagne avec soleil
les champs de blé lui font une jupe plissée
petits enfants vous regardez dessous
la Vie donne l’acquis et la prairie
Le puits
Je courais quand un éclair m’a frappé
j’ai pensé verticale horizontale
dans tout le corps de pensée au-dehors
la rivière et la pluie
cœur jambe front main puits
Claude Minière