‘L’art d’aimer’, Ovide, lu par Claude Minière


Publication dans la collection poche Babel d’Actes Sud de ‘L’art d’aimer” d’Ovide dans la traduction (du latin de Danièle Robert.


Ovide, ‘L’Art d’aimer’, traduction du latin de Danièle Robert, Actes Sud, coll. Babel, 2023, 288 p., 8,90€.

La collection « Babel » des éditions Actes Sud est bien avantageuse : pour 9 euros vous avez 230 pages de lecture, de poésie. Et quelle poésie : Ovide, L’Art d’aimer ! Traduit pas Danièle Robert ! Avec présentation et annotations pleines d’enseignement. Et le plaisir de ces vers d’un équilibre fragile « entre régularité et irrégularité, fluidité et fracture, rythme ascendant et descendant. » Et encore : poésie dont le sujet est à la fois inscrit dans la culture romaine et qui pratique un écart effronté dans l’époque, à la charnière des siècles (effronterie que le poète paiera de son exil, de sa relégation décrétée par un pouvoir politique virant au totalitarisme impérial). Lorsque naît Publius Ovidius Naso, en -43, dans les Abruzzes, la guerre civile fait rage (elle se prolongera jus qu’en -31, quand Antoine et Cléopâtre sont vaincus).
Ovide a délibérément choisi son sujet et le tour qu’il veut lui donner. Pas d’exploits chevaleresques et guerriers, plus d’aventures épiques : ce sera L’aimer, les pensées et les jeux de « l’Amour ». Le poète, licencieux, est alors
proche de nous par « le plaisir d’explorer toutes les ressources de la langue ».
Et il est proche de sa traductrice, qui dit : « On sent sa respiration, on entend son débit, les temps d’arrêt où la voix est un instant suspendue comme pour vérifier l’effet produit sur l’auditoire, que l’on devine tantôt amusé et rieur, tantôt faussement choqué. »
Pour séduire, les amants mythologiques se métamorphosent ;  à Rome, Ovide, lui, emploie bien d’autres stratagèmes, il donne ses instructions pour une action secrète au milieu de la foule et des lois. L’Amour est son seul souci : « Je ne redoute plus les ombres qui volent/ Dans la nuit, ni les mains armées pour me tuer. / C’est toi et ton flegme que je redoute, toi seul que je cajole,/ Toi qui détiens la foudre capable de m’anéantir ».

Claude Minière

Ovide, L’Art d’aimer, traduction du latin de Danièle Robert, Actes Sud, coll. Babel, 2023, 288 p., 8,90€.