Jacques Robinet a publié récemment une belle série de quatrains avec des illustrations du peintre Renaud Allirand. Voici quelques extraits.
Jacques Robinet, L’Herbe entre les pierres, éditions Unicité, 2024, 162 p., 16€
De l’avant à l’après
nous ignorons les nuits
Seul un tronçon de route
nous aura éblouis
Lentement les braises
consentent aux cendres
Le bois qui s’enflamme
découvre son pourquoi
Anges et démons
ailes confondues
avancent en désordre
Quel est le mot de passe ?
Mettre sa vie en berne
ou la laisser flotter
Deux choix possibles
quand elle se prolonge
Passages d’oiseaux
de fleurs d’eaux vives
Leur grâce nous esseule
Leur fuite nous meurtrit
Les arbres s’évadent dans la nuit
Seules leurs ombres demeurent
dessinant noir sur noir
leur présence-absence
Jardin du Luxembourg
Un ballon roule à mes pieds
Les pigeons vont et viennent
sans troubler les reines mortes
Il pleut
Le jour est noir
Tout se dissout
L’infini se déploie
Faut-il thésauriser
la richesse de l’instant
ou ne garder que
son passage d’aile ?
Quête de mots simples
blanchis par l’usage
lavés au courant
d’une vie très ordinaire
Dedans et dehors
la même lumière grise
Conspiration tenace
d’une même attente
Je ne comblerai jamais
ce qui s’ouvre sans fin
Insatiable attente
où la vie se dissout
Jacques Robinet, L’Herbe entre les pierres, éditions Unicité, 2024, 162 p., 16€