Dans la rubrique ‘notes sur la création’, visite du bureau de Georges Perec tel qu’il le décrit dans ‘Penser/ Classer’.
Une lampe, un coffret à cigarettes, un soliflore, un pyrophore, une boite de carton qui contient des petites fiches multicolores, un grand encrier de carton bouilli à incrustations d’écaille, un porte-crayons en verre, plusieurs pierres, trois boîtes en bois tourné, un réveil, un calendrier à poussoir, un bloc de plomb, une grande boîte à cigares (vide de cigares, mais pleine de petits objets), une spirale d’acier dans laquelle on peut glisser des lettres en attente, un manche de poignard en pierre polie, des registres, des cahiers, des feuilles volantes, de multiples instruments ou accessoires d’écriture, un grand tampon-buvard, plusieurs livres, un verre plein de crayons, une petite boite en bois doré (rien ne semble plus simple que de dresser une liste, en fait c’est beaucoup plus compliqué que ça n’en a l’air : on oublie toujours quelque chose, on est tenté d’écrire etc., mais justement, un inventaire, c’est quand on n’écrit pas etc. L’écriture contemporaine, à de rares exceptions (Butor), a oublié l’art d’énumérer : les listes de Rabelais, l’énumération linnéenne des poissons dans Vingt Mille Lieues sous les mers, l’énumération des géographes ayant exploré l’Australie dans Les Enfants du capitaine Grant…).
Georges Perec, Penser-Classer.
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