En complément de la note d’Alexis Pelletier, Poesibao propose ici un extrait de ça va bien dans la pluie glacée ?
D’où venez-vous je viens de l’écriture, je présume que j’y resterai jusqu’au bout (pour autant que je comprenne ce qui arrive, ce modeste destin le mien). dans le même passage très beau du Journal, 27 janvier 1922, Kafka dit de l’écriture qu’elle est un acte-observation. un peu un délit aussi. pour moi elle est un processus d’immersion, et la possibilité majeure de rendre intelligible le désastre
deux
actes
en
un
ici, le désastre, octobre-novembre 2023, j’entre dans Gaza. j’entre dans Gaza à partir d’Israël après être entré en Israël à partir de Gaza. je suis le même homme dans chaque cas. pas un autre, pas du tout un autre. c’est le déluge qui se produit en Palestine-Israël et qui engloutit l’Occident, une douche de sang réciproque qu’il est de mon destin de vivre en écrivain
d’où j’écris ? j’écris de l’écriture
je suis un agent de l’étranger mon amour
c’est mon amour qui est l’étranger
c’est l’écriture qui est l’étranger
c’est l’écriture qui est mon amour je peux me battre pour toi tu ais
on est intègres mes orgasmes et moi
Dominique Fourcade, ça va bien dans la pluie glacée ?, P.O.L, 2024, 80 pages, 17€.
Lire la note d’Alexis Pelletier