Caroline Andriot-Saillant, “Reprise”, extraits


Caroline Andriot-Saillant vient de publier son premier livre de création, paru aux éditions Atelier de l’Agneau, sous le titre “Reprise”.



Caroline Andriot-Saillant, Reprise, Atelier de l’Agneau, 2023, 84 p., 17€

– 5 – Forges (pour un merle)

le dérèglement m’atterre. neige d’azulejos en lubie gaudienne. dans une rue dont les murs prostituent. enfilade d’œils-de-bœuf : recycle-toi belle de jour

j’aurais dû photographier les tondi. lignes brisées dessinent. en millions de tesselles d’opus vermiculatum après éruption méditerranéenne. baleines insurgées surfacent

ma fille épouse un rebord de hublot. réplique de tout cyclope tête et pieds tranchés. l’énigme-rideau belle courbure du corps découpée en black blocs

je rembobine en prépandorique. lutte entre terre et ciel. sans grand dommage tandis qu’ici décivilise. sauf-conduit de glaise enroulé dans nos microfilms

mon tambour anti-communautaire. familiarise mon linge sale. le travail sur table descelle ses joints, la rondeur d’un carrelage de cuisine en question

on peut m’écrire un mail Je t’embrasse (sans corps). piano garé. des boubous De Kooning aux pieds de petites filles disent debout. jours après la musique

un renard me salue en me tournant le dos. moins de spectre que dans les bruits de la nuit. la lune crie la lune la lune sans un mot pour les ombres

j’émigre dans ton émission j’en souffre. pas la peine pâle pâtir pas là. hôtel de compassion. she did pity. Othello ho ho ho pâle hôte. dismissal

à notre place un renard ferait volte-face. aluni. son visage grande majesté peur de nous autres chantant les mots bleus sans silence sans art

qui peut écrire beaucoup. une encordée d’amour deux encablures pour fuir Héphaïstos. la mélodie des rets fait un dripping à surface de corps

s’aggravent les intervalles. très sale et puis très blanc le démarquage d’un pli repassé. jouer perso carte sur table quelle différence. cumulus en panne

par voie postale. boîte de voix offertes à la terre. well you needn’t. les frontières infrangibles pour familles à passer refluent leurs déesses jusqu’à la mer

dévissage d’une très forteresse : l’eau s’engouffre en nos filles. corps qui chute vrille et se couvre d’un manteau de fourrure. ocelle d’aval

col de l’échelle. llll. elle femme-fuir. If fl fr liquide flot de. in sur. s’offre en amour collerette en doux ourlet des monts l’un sur elle lui souffle

Sainte-Victoire Vera Molnar : paroi par le blanc. jouissance interstitielle dans un cabinet d’attente. file en versant de neige bleu découpé vif

novembre 2017 – juin 2018

 

Caroline Andriot-Saillant, Reprise, Atelier de l’Agneau, 2023, 84 p., 17€

 

Caroline Andriot-Saillant est née en 1972 à Paris. Elle est professeur de Lettres modernes en hypokhâgne et en khâgne au Lycée Jeanne d’Arc (Rouen). Agrégée de Lettres modernes et docteur en Littérature comparée (sous la direction de Pierre Brunel, Paris IV, 2002). Titre de la thèse : « Yves Bonnefoy et Ted Hughes, la fable de l’être »

Ses recherches portent sur la poésie moderne et contemporaine française et européenne. Elle a publié plusieurs articles sur Baudelaire, Rimbaud, D. H. Lawrence, Trakl, Rilke, Celan, Yves Bonnefoy et Ted Hughes.

Elle a publié des poèmes en revue, Triages, Catastrophes, L’intranquille.

Reprise est on premier livre de création.