Où Paul Valéry, lors de la première leçon de son Cours de poétique précise bien le champ de son analyse.
Mais l’analyse complète du fait poétique, c’est-à-dire de la production et de ses conditions initiales, de l’exécution des œuvres, de leur action sur leur public, de leur retentissement dans le monde, exige l’examen et la résolution plus ou moins approchée d’une quantité de problèmes de divers ordres, généralement considérés dans d’autres disciplines.
Cet examen peut avoir pour effet de dégager ou d’illuminer certaines possibilités de l’art qui se trouvent avoir été négligées, non seulement par les théoriciens mais encore par les artistes eux-mêmes. Par exemple, la question de la composition des poèmes nous semble avoir été peu considérée. Sans doute, les difficultés sont grandes, car le langage, qui permet de composer aisément les pensées ou les événements qu’on rapporte, oppose de grands obstacles à la composition des formes et des figures musicales qu’il peut former
Mais il ne semble pas que les poètes aient, sur ce point, assez considéré ce qu’ils pouvaient faire ou, du moins, tenter de faire. Rarissimes sont les poèmes (en dehors de pièces trop courtes) dans lesquels se dessine une architecture des formes, des symétries et des contrastes prosodiques ou harmoniques qui permissent de les louer dans leur construction autant que dans la beauté de leur substance verbale et de leurs ornements.
(…)
Mon action fut de rattacher poésie à l’activité totale de l’esprit.
Poésie peut recevoir un sens généralisé qui est pressenti par le langage.
Utilité, nécessité. Conditions nécessaires, suffisantes pour un univers.
Paul Valéry, Cours de poétique, Première leçon, 10 décembre 1937, Gallimard, Bibliothèque des Idées, Tome 1, p. 128