Ce poème de Patrick Quillier est publié dans la revue Nu(e) n° 84 que Poesibao vient de mettre en ligne.
PLACARD POUR UNE MARCHE DU POÈME
Il n’y a pas ici d’Anciens ni de
Modernes. Vous n’avez qu’un seul poème
à vous mettre en bouche, aux creux des oreilles,
et, si le cœur vous en dit, dans le cœur.
Dans ce poème est une multitude.
En bouche, au creux des oreilles, dans le
cœur, c’est de cette multitude le
chœur que vous entendez en vous ouvrant.
En vous ouvrant dans l’ouverture de
l’ouvert, laissant, à l’espace commun
du poème, advenir les différences,
se configurer un lieu pour chacun.
Pas plus d’Anciens et de Modernes que
de Post-Modernes. D’ailleurs enlevons
toutes ses majuscules se poussant
du cou pour arborer leur vanité.
Et passons au tamis du scepticisme
toutes les identités assassines.
Le poème marche dans l’ouverture
de l’ouvert, sur des chemins de traverse,
selon les aventures des lisières,
des clairières, des clues, des phédriades
selon l’art des écoles buissonnières,
donnant à tout l’éclat de l’accolade.
Tournois d’oiseaux dans le ciel sans focale,
fût-elle d’un grand angle, le poème
harmonise les chants avec les chants,
s’attache à résoudre les dissonances.
Bien sûr, parfois, il les met en exergue
car il sait bien qu’il doit mener la guerre
et la mener selon les stratégies
et les tactiques de la guérilla.
Marchons, marchons, mais au son de la langue
qui fait sortir l’énergie de sa gangue
et qui dans les rythmes de ses scansions
accueille tout dans sa respiration.
Patrick Quillier, in Revue Nue(E), n° 84, pp.105-106 accessible en ligne via Poesibao dans son intégralité. Il comporte notamment un ensemble dédié à Patrick Quillier