Carte blanche à Pierre Drogi qui livre ici aux lecteurs de belles impressions de lecture d’un livre de Laurent Grisel
Laurent Grisel, qui ne disent mot, éditions LansKine, 2024, 64 p., 8€
Laurent Grisel, Qui ne disent mot : impressions de lecture
Lisière du silence ou du vacarme ?
Entre ouvriers taiseux et fracas des hauts fourneaux à polypropylène. Des textes pile poil sur leur tranche, en équilibre ou en déséquilibre. Sondant le silence des humiliés, des écrasés. Palpant le vacarme du monde, même quand les usines bruyantes ferment. L’un et l’autre ne se compensent ni ne s’équilibrent.
Des mots, des pas, des ornières des ravins des dépressions entre, des abîmes pourvus de passerelles.
De la « poésie possible » retenue au creux des mains au fond des yeux, de la mémoire.
Un lieu possible les dirait tous, eux qui ne disent : c’est un lieu compris, inclus dans le livre et qui s’appelle « moulin de Verberie ».
On parle là pour ceux qui ne parlent, on donne voix à ceux qui ne disent. Sur le support muet de la vie on place des signes qui réparent le sens, le retiennent au creux des mains, le réinscrivent au fond des yeux.
Le verbe s’incarne comme la vie-même dans des mains laissées.
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C’est un livre doux et tendre. Un livre à emporter dans la poche pour traverser les rues, les fleuves, les épreuves.
Pierre Drogi
Laurent Grisel, qui ne disent mot, éditions LansKine, 2024, 64 p., 8€
L’expression « poésie possible » est empruntée au livre du même nom, Poésie possible, de Michaël Batalla, paru aux éditions NOUS en 2015.