Jean-Claude Leroy explore pour le lecteur de Poesibao ces “osselets” qui sont forme brève qui se déplie comme une fleur.
Cécile A. Holdban, Osselets, Le cadran ligné, 2023, 48 p., 13 €
« Le vrai silence est vertical »
Cécile A. Holdban
Cécile A. Holdban les appelle osselets, c’est une forme brève qui se déplie comme une fleur, éclate comme le jour dans la nuit. Réussite salubre que cette économie suivie où s’attrape une idée qu’il s’agit de ne pas laisser retomber pour et par rien. Une ligne ou deux, ou trois, suffisent pour livrer une image éloquente, l’image étant ici un lieu où être. À sa suite, une autre image vient s’y ajouter, sur le même thème, car le livre est séquencé par quelques rubriques – Minos, nuagier, échelle, larmier, ricochets, silence, etc. – si bien que le même poème se déroule sur quelques pages, tout en étant une suite de « stations » ou de fenêtres.
Loin d’être un simple jeu de formes ou de sens, ces aphorismes (oui) relèvent de l’analogie aussi bien que de la connaissance, puisque celle-là produisant celle-ci. On est là au niveau du meilleur Malcolm de Chazal ou encore d’Antonio Porchia, lequel est d’ailleurs cité en exergue de Nuagier.
Baume en même temps qu’éclaircissement ; l’effet de dévoilement opère, nous mettant face à une réalité redéfinie que la magie des mots a bien voulu nous indiquer, comme pour ouvrir un nouvel espace ou un nouveau point de vue. N’est-ce pas là un des rôles de ce que, dans le domaine de la poésie comme dans celui de l’art, nous appelons gaillardement « création » ? Proposer de nouveaux angles et ouvrir, ouvrir, encore ouvrir.
Nous voici conviés avec ce livre à une expérience poétique simple et manifeste, à travers ces poèmes qui semblent tombés du ciel, en tous cas arriver d’ailleurs, d’un en dehors d’où l’on peut voir le résumé des formes qui nous entourent et nous masquent le plus souvent la piste où nous pourrions avancer de quelques pas supplémentaires, peut-être.
« Chaque nuage
quelle que soit sa forme
est la cosse
d’un rêve
Pour écosser le nuage
l’œil trompe la langue
et doit plonger le mot
dans le voile de l’eau
Le nuage ont on peut
atteindre le contour
n’est plus un nuage
Tout nuage fabrique
sa propre serrure
pour ouvrir au vent
Le temps étiré des nuages
emmaillote le ciel
dans sa propre clarté
Nuages : floraison intime
chaque ciel se souvient
de son nuancier
[…] »
Jean-Claude Leroy
Cécile A. Holdban, Osselets, Le cadran ligné, 48 p., 2023, 13 €