(carte blanche) à Claude Minière, “La transformation du rapport à la langue”

La transformation du rapport à la langue

« La transformation du rapport à la langue est la condition de toutes les autres transformations de la société ». Qui prononce ce programme essentiel ? C’est Giorgio Agamben dans une adresse à des étudiants*, en novembre 2021. Agamben rappelle ainsi vivement ce que plusieurs auteurs, philosophes, linguistes ou poètes ont affirmé (Heidegger, Lacan, Mallarmé…). Plus étonnant, plus original, plus « concret » aussi, est la valorisation qu’il suggère du dialectal (du « presque dialectal », pour respecter sa leçon). La singularité contre la mondialisation ? Agamben dénonce la neutralité continue du discours véhiculant le calcul. Il écrit alors : « La première tâche qui nous attend est donc de retrouver un rapport jaillissant et presque dialectal, c’est-à-dire poétique et pensant avec notre langue. » Rimbaud, pour sa part, évoquait la franchise première. Mais qu’est-ce qui peut permettre d’atteindre la franchise première ?

Claude Minière

*Discours à la conférence des étudiants vénitiens, texte repris dans le n°13 des Cahiers de Tinbad, p. 58-62.